La boulimie qui consiste à ingurgiter de grandes quantités de nourriture sans satiété ni plaisir est une pathologie qui touche 8% de la population adolescente. Selon certaines estimations, 10% des personnes souffrant de boulimie sont des hommes. Souvent, la boulimie est accompagnée de vomissements, tout comme l’anorexie.
Elle se déclenche souvent dans un contexte où la personne se sent fragile émotionnellement, sans recours contre ses angoisses et seule.
Deux types de personnes boulimiques
Certaines patientes se présentent avec un excès de poids, qu’elles perçoivent et qu’elles déplorent tout en étant résignées à cet état de fait : ce sont des patientes –artichaut, qui utilisent leur surpoids pour se protéger d’un monde qu’elles estiment violent et par rapport auquel elles se sentent inadaptées. Soudain, parfois au beau milieu de la nuit, la nécessité de manger devient irrépressible. Il n’y pas d’autre issue que de se précipiter vers le frigo, le placard et alors tout y passe, y compris les surgelés. La satisfaction ressentie est quasiment d’ordre sexuel. La crise est comme « un amant secret », avec lequel on se livre à des pratiques violentes et sans discernement. Une fois atteinte la satisfaction, un grand sentiment de dégoût s’installe. Les humeurs dépressives reprennent le dessus, accompagnées de pensées coupables, jusqu’à la prochaine crise. Ces « crises » leur laisse un sentiment d’une totale absence de contrôle. Les boulimiques se critiquent beaucoup. Le sentiment de plaisir lié à la nourriture est absent.
Les autres sont des patientes qui vont tenter de maîtriser leur poids en alternant crises de boulimie et restriction alimentaire et /ou vomissements. Elles ont du mal à assumer leur corps dès qu’il peut apparaître comme séduisant. Se focaliser sur la nourriture leur permet de mettre de côté la difficulté qu’elles éprouvent dans le domaine des relations interpersonnelles, source pour elles d’insécurité. Elles vont multiplier les jeûnes et /ou le sport à outrance puis tout abandonner, ainsi que leur éventuelle prise en charge, dés qu’une amélioration se fait sentir. La spirale de l’échec renforce le sentiment de ne rien pouvoir faire et de ne pas pouvoir changer.
Souvent, les proches ne comprennent pas ces troubles et renvoient à ces patients/patientes leur manque de volonté. Or, la difficulté va venir plutôt de la perception que les changements positifs entraînés par la guérison vont déborder leur volonté et s’avérer dangereux pour leur équilibre.
Les vomissements qui accompagnent parfois la boulimie
Ils peuvent apparaître dans les deux troubles précédents mais constituent une problématique à part. Les vomissements apparaissent quand les patientes anorexiques ou boulimiques prennent conscience qu’il s’agit d’un moyen de contrôler leur poids et de donner le change.
Souvent, les patientes parlent de « crises » : « je craque, je mange je mange et après il faut que j’aille me vider. Ensuite, je me sens dégoûtante, j’ai honte »
Ces vomissements sont à traiter avec sérieux car ils peuvent amener des carences et des problèmes de santé graves : manque de potassium, problèmes dentaires, etc.
Parfois, il s’installe un plaisir particulier à maîtriser le passage de la nourriture dans le corps et de se donner le pouvoir de la rejeter ou de la garder. Ce contrôle sur soi va constituer une difficulté particulière à cette pathologie.
Dans tous les cas, une des difficultés majeures est d’amener la patiente à prendre conscience de ses troubles. C’est le travail essentiel de la psychothérapie. La famille sera le co-thérapeute en première ligne dans cette prise en charge qui nécessite une véritable mobilisation des intervenants concernés.