La thérapie familiale : dans quelles situations ?
Dans la famille de Lucien et Martine tout va bien. Jusqu’au jour où leur fils aîné Marc, 15 ans, voit ses résultats scolaires chuter, parle de moins en moins, se retire de plus en plus dans sa chambre, refuse de discuter de ses problèmes. Inquiets, les parents décident de l’envoyer consulter un psy, qui leur recommande d’entamer une thérapie familiale.
Ce sont des symptômes très divers, souvent portés par les enfants, qui conduisent les familles à s’inquiéter : anorexie, dépression, perte d’intérêt, vols, passages à l’acte violents, les comportements de l’enfant sont souvent le signe de la souffrance de l’ensemble familial.
En quoi consiste une thérapie familiale ?
En thérapie familiale, la famille est considérée comme un système. Issue des travaux de l’École de Palo Alto, la théorie systémique considère que chaque système familial est régi par des lois générales (homéostasie, communication paradoxale, rétroaction, autonomie, etc.) et aussi des règles spécifiques à chaque famille. On parle de mythes familiaux, de croyances.
Quand un membre de la famille va mal, on ainsi considère qu’il « porte le symptôme », devenant ce que l’on appelle le patient désigné. Dés lors, le ou les thérapeutes vont tenter de traiter, non pas tant les individus, que les relations entre les différents membres de la famille.
Une famille, qu’est-ce que c’est pour une thérapie familiale?
Les changements sociétaux ont profondément modifié la famille. Monoparentale, homosexuelle, demi-frères et sœurs, il n’en reste pas moins que, quelle que soit sa configuration, elle doit être une structure devant créer du sens pour les personnes qui l’ont conçue et, bien entendu, aussi pour celles qui y viennent au monde (Philippe Caille). Le thérapeute va s’attacher au sens de cette famille, à ce que signifie la souffrance de la personne dans le contexte spécifique de la famille. Le fonctionnement d’une famille en crise est souvent en boucle : elle se referme sur elle-même. Alors, la famille produit « toujours plus de la même chose » et sa souffrance s’accroît.
Quelques notions clés de la thérapie familiale
– Homéostasie
Pierre évoque son fils de 25 ans, qui a claqué la porte du domicile familial en se plaignant du flicage de ses parents et s’est mis à vivre seul et à travailler ; mais quelques mois plus tard il perd son travail en conséquence de ses nombreuses absences et retards et doit revenir chez ses parents, où, de nouveau, il se plaint du flicage.
Ce scénario illustre ce que la thérapie familiale nomme le principe d’homéostasie, processus par lequel le groupe maintient sa cohésion et s’oppose au changement. Dans cette optique, les symptômes du fils servent – à un niveau inconscient – l’intérêt familial. Revenant toujours à la maison, il reste enfant et la famille n’a pas à gérer son passage à l’âge adulte. La thérapie familiale permet de comprendre comment chacun participe au problème.
– Légende familiale
Dans la famille M., on est très fier de son obstination : jamais, au grand jamais un membre de la famille n’a changé d’avis ! Que ce soit le père qui a tenu tête à ses patrons toute sa vie d’ouvrier ou le fils qui se retrouve parfois en fâcheuse posture quand cette obstination familiale le conduit au divorce.
La légende familiale est un ensemble de croyances qui soudent le groupe et permet à ses membres de se reconnaître. Poussées à l’extrême, elles peuvent avoir des effets pathogènes. La mise en évidence du caractère collectif de ces croyances permet d’arrêter de désigner un « mouton noir », de changer la compréhension du symptôme et donc d’entamer la guérison du groupe tout entier.
– L’action thérapeutique
C’est grâce à une intervention extérieure au système que pourra se faire la prise de conscience. Les rencontres entre la famille et le ou (les) thérapeutes permettent à chacun de mieux comprendre les enjeux inconscients présents dans le système. Dans ce type d’intervention, le thérapeute se place plutôt dans une position d’accompagnement et d’empathie que de savoir. La famille « sait » et il s’agit de permettre à cette connaissance d’elle-même d’émerger. Au fur et à mesure, une communication plus fluide s’établira entre les membres. Au cours des rencontres, la famille pourra amorcer son processus de changement, tout en étant confortée dans son unité.