Serge a 18 ans. Il a raté son bac l’an passé. Cette année, il est déscolarisé et perdu. Il évoque un grand malaise, comme s’il était en dehors de la réalité, différent des autres et sans repères. Il a une image de lui-même particulièrement dévalorisée : il pense qu’il ne vaut rien et que les autres pensent la même chose de lui. Il tourne en rond, aussi bien dans sa vie que dans sa tête. Face à ce constat, ses parents sont perplexes. Ils ont décidé de faire appel à un thérapeute pour aider Serge…
Un jeune sur 5 va connaître un épisode dépressif avant ses 18 ans. Dans cette période de vie l’enfant passe rapidement à un état très différent, et ce passage trouble et déconcerte son entourage, mais aussi lui-même. Il vit des changements rapides et inattendus à des niveaux aussi divers que : sa physiologie, son caractère, ses compétences cognitives, …
Son environnement familial va souvent modifier son regard sur lui : les exigences vis-à-vis de lui vont changer. Pour les adultes, il rentre dans leur monde. Son environnement social, ses amis, ses camarades de classe ou d’apprentissage manifestent des valeurs, des comportements, des attitudes contradictoires par rapport aux impératifs parentaux.
La grande aventure de l’adolescence, c’est la constitution de l’identité. Mais ce grand voyage peut pour certains devenir une vraie tempête.
Pour les parents, il est parfois difficile d’identifier les éléments préoccupants. L’adolescence est par définition un moment où la personnalité change, parfois radicalement. Mais on doit être attentifs à :
* Un changement brutal dans l’humeur de l’ado sans que la situation ne l’explique. Il devient mutique, ne prend plus plaisir aux activités dans lesquelles il s’investissait, s’irrite facilement et peut devenir agressif.
* Un effondrement des notes, l’installation d’un absentéisme, des séjours fréquents à l’infirmerie.
* L’ado s’isole, il se concentre parfois de façon obsessionnelle sur un seul objet (jeux, télé…)
* Il dort moins bien ou trop, ou trop longtemps, et se décale ainsi du rythme des autres.
* Il ou (elle ) peuvent présenter une perte d’appétit.
Comme l’adolescent ne parvient pas à identifier ce qu’il traverse, il va manifester de l’anxiété et présenter parfois des symptômes très divers : phobie scolaire, peur des autres, etc…
Dans les cas les plus graves, les idées noires peuvent se transformer en fugues, conduites à risque, voire envies suicidaires.
Parfois, la dépression est « masquée » et s’annonce par un brutal passage à l’acte imprévisible. Ce sont ces suicides étranges et brusques qui étonnent tout le monde. Ce sont des décompensations, bouffées délirantes, fugues pathologiques, qui, souvent, ne se prolongent pas.
Quand les parents craignent la possibilité d’une dépression, il est conseillé de consulter un professionnel : psychologue, médecin, psychothérapeute…
Cette prise en charge demande plus que toute autre que s’établisse une relation de confiance entre l’ado et le thérapeute. Bien sûr, le thérapeute est un adulte et doit en conséquence « se faire accepter » comme interlocuteur de confiance. Il est important de rappeler au jeune patient que les thérapies se déroulent dans la confidentialité : ce que l’ado va dire, faire, exprimer, il pourra le faire en toute sécurité.
La prise en charge de l’adolescent va s’appuyer souvent sur des techniques de détente et de relaxation, qui vont lui permettre de constater qu’il peut avoir un impact sur ses états intérieurs. Le thérapeute travaillera sur la prise de conscience des émotions que l’ado traverse : identifier les émotions, telles que la tristesse, la colère, la peur…et pouvoir les exprimer, les nuancer.
On utilise souvent des jeux, des supports, des histoires qui vont servir à établir le lien et nourrir la réflexion de l’ado, l’aider à penser que qu’il traverse, le soutenir dans son processus de guérison.
Parallèlement, le travail aura comme objectif de permettre à l’adolescent de s’orienter vers le futur, son devenir, en tant qu’adulte, ses plaisirs, ses désirs. La méthode de prescription des tâches est parfois très utile : il s’agit de suggérer des exercices à réaliser comme un jeu, qui vont permettre à l’adolescent de s’investir dans des actes qui vont le faire progresser dans la prise en main de sa vie.
L’hypnose peut donner de très bons résultats en tant que moyen de détente simplement, mais également concernant la visualisation positive du futur de l’ado.
Valérie a 16 ans. Elle a un passé difficile, suite à une crise d’adolescence qui l’a conduite à une hospitalisation. Elle se sent très inhibée par rapport aux autres et a une peur panique du regard que les adultes portent sur elle. Elle supporte mal son corps et alterne des épisodes de boulimie et de restriction alimentaire. Les changements qu’elle vit dans les différentes dimensions de sa vie l’effraient. Un soutien thérapeutique s’organise autour d’elle, entre psychiatres, thérapeutes, parents, qui sont partie prenante du travail. Grâce à ce « réseau », Valérie va reprendre les cours et affronter ses craintes.
Parfois, une prise en charge familiale permettra une amélioration des relations entre ado et parents.
L’adolescence est un état transitoire. Traverser cette tempête n’est jamais simple. L’issue vers l’âge adulte peut être facilitée par un accompagnement thérapeutique, qui devient, pour certains, l’équivalent de ces rituels de passages qui, autrefois, marquaient symboliquement la reconnaissance du jeune adulte par les plus âgés.
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