Le contexte du deuil
« Le deuil » est la perte définitive en soi d’une personne ou d’une chose.
« Faire le deuil » est une réaction qui s’accompagne de sentiments et de pensées éprouvées suite à la perte de quelqu’un ou de quelque chose. C’est en effet un processus actif dans lequel la personne se met en action pour se délivrer de sa tristesse, peine, souffrance, incompréhension… qu’implique la perte. On entend souvent parler de « faire son deuil » pour pouvoir avancer. Mais, qu’est ce que cela veut vraiment dire? A quoi ça sert? Est-ce primordial ? Comment faire?
Il est important de noter que le mot « deuil » peut avoir plusieurs significations : deuil d’une relation, deuil d’un être cher, deuil d’une situation professionnelle, etc. ….Ce mot ne se limite pas au lien que l’on fait naturellement à celui de la mort. Ainsi, comme nous allons le voir, peu importe la nature du deuil, le processus est toujours le même. Nous passons par des étapes qui sont des états internes différents, plus ou moins difficiles qui vont par la suite nous permettre de remonter la pente en acceptant la situation pour apercevoir le ciel bleu et les projets qui nous attendent.
L'acceptation du deuil, plutôt que l'évitement !
Plus vous essayerez d’éviter, de nier, de ne pas voir les choses et plus vous vous renfermerez dans un processus sans fin de malaise interne, d’incompréhension face à votre tristesse, non gout à la vie, jusqu’ à faire une petite dépression ou voir même l’envie de mourir.
La mort, dans la culture occidentale (ce n’est pas le cas dans toutes les cultures) est une étape redoutée par chacun parce qu’elle signifie la fin de notre existence du moins physique sur terre. Aussi, le regard que nous portons sur cet événement ne peut que nous insuffler des sentiments négatifs (tristesse, désarroi, colère, regrets…) puisque nous sommes dans « la perte de … ».
Et cela vaut également pour les autres formes de deuils plus métaphoriques (rupture sentimentale, licenciement professionnel, etc.), nous sommes aussi dans « la perte de » ou le « renoncement à … ». C’est au coeur de ce creux, de ce vide laissé que ce situe la souffrance propre au deuil.
L’acceptation du deuil (qui n’est pas l’oubli ou l’effacement de tout regret) va donc, comme nous allons le voir, passer par la nécessité de combler (pas de remplacer) mais bien de remplir ce qui s’est inscrit en négatif, en creux en nous.
Identification de 4 phases par lesquelles nous passons lors d'un deuil
1) Phase du choc et du déni
Cette étape peut durer quelques minutes, quelques jours ou quelques semaines. Lors de cette phase, la personne a de la difficulté à croire la réalité ou la nie et peut être incapable de réagir.
2) Phase de la protestation
Cette étape peut durer quelques semaines ou quelques mois. Lors de celle-ci, la personne peut vivre de la colère, de l’incompréhension, un sentiment d’injustice, une culpabilité plus ou moins grande, la recherche d’un coupable et d’un sens à la perte. La personne commence à reconnaître la permanence de la perte.
3) Phase de la désorganisation
Cette étape peut durer quelques semaines, voir quelques mois. La personne peut ressentir une grande tristesse, de l’anxiété, de l’impuissance. Elle peut également se replier sur elle-même, se désintéresser de ses activités habituelles.
3) Phase de la réorganisation et de l’adaptation
Cette étape peut durer de quelques mois à quelques années. La personne est moins envahie par la perte et retrouve peu à peu sa capacité à avoir du plaisir. Elle a un regain d’intérêt et entrevoit la possibilité de nouveaux projets. Elle s’adapte à sa nouvelle situation.
Intérêt de faire son deuil ?
– On cesse d’avancer dans le noir parce qu’on regarde la situation en face, on reconnait les choses, on les accepte, ce qui permet de mobiliser ses ressources
– On retrouve l’envie de faire des projets
– On reprend progressivement le contrôle de sa vie
Comment repérer que l'on ne remonte pas la pente face au deuil ? que l'on s'enfonce dans la souffrance et qu'il faut chercher de l'aide ?
– Je vis des perturbations importantes et persistantes liées à l’appétit et au sommeil.
– J’ai des difficultés à fonctionner matériellement dans mes différents rôles (famille, travail, loisirs).
– Je sens une baisse d’envie et d’intérêt pour les choses que j’aimais auparavant.
– Je m’isole constamment de mes proches. Je change d’attitude avec eux.
– Je n’arrive plus à me concentrer ou à prendre des décisions.
– Je ressens une souffrance intense qui se maintient dans le temps ou, au contraire, je fais comme si rien ne s’était passé et je ne ressens aucune émotion.
– Je me sens envahi par l’événement au point de penser au suicide ou de m’en prendre à une autre personne.
– Je consomme des médicaments de manière excessive et inhabituelle
Comment sortir du deuil et se placer dans un processus dynamique ? Quelques conseils :
Prenez conscience que vous êtes la personne la mieux placée pour connaître vos forces, vos ressources et vos besoins.
• Accueillez vos émotions : soyez à l’écoute de ce que vous ressentez
• Communiquez votre souffrance, vous n’êtes pas seul à vivre cela
• Organisez vos journées avec des objectifs pratiques simples et précis que vous pouvez noter sur un cahier
• Partagez vos émotions avec vos proches et accepter leur aide.
• Participez à des activités avec des gens qui vivent une situation semblable. Il existe des associations religieuses mais aussi laïques qui proposent des groupes d’entraide gratuits
• Forcez-vous à organiser des moments de détente = massage, sorties avec des amis, voyages etc… Evidemment, cela ne correspond peut-être pas du tout à votre envie au départ, c’est pourquoi, au début cela prendra sans doute la forme d’un temps « plaisir » obligatoire par semaine à noter sur votre agenda.
Posez-vous les questions suivantes pour trouver des pistes :
• Si j’ai déjà vécu un deuil, comment ai-je surmonté la perte? Qu’est-ce qui m’a aidé à ce moment? Que puis-je mettre en pratique dans la situation actuelle?
• Selon les personnes qui m’entourent, quelles sont mes forces? Quelles forces puis-je utiliser dans mon processus de deuil? Ai-je la possibilité de parler de la situation avec une personne et de lui faire part de mes sentiments?
• Qui peut m’apporter du soutien (repas, accompagnement pour les formalités, garde des enfants, etc.)?
• Quels groupes d’entraide et services professionnels existent dans ma communauté pour me venir en aide ? Comment puis-je avoir accès à ces services?
Comprendre la situation, ce qui se passe en nous et arriver à le dire ne va pas annuler la douleur que l’on a profondément en nous mais rien que le simple fait de la reconnaitre, va permettre de reprendre progressivement le contrôle de notre vie parce qu’on devient capable d’entrevoir de nouveaux projets.
Faire son deuil ne veut en aucun cas dire oublier la personne perdue, les situations vécues, les espoirs passés, « faire son deuil » signifie juste mieux vivre parce qu’on a intégré, commencé peut-être même à accepter une nouvelle situation, et que l’on peut alors commencer à aller de l’avant, à formuler de nouveaux projets.
S’écouter intérieurement et se forcer à dire les choses permettent également l’acceptation.
N’hésitez pas à parler de la situation à votre médecin et, si vous ne parvenez pas à surmonter la situation ou que le temps du deuil perdure avec la même souffrance au bout de plusieurs mois, consulter un psy pour vous accompagner. Il saura être un soutien et chaque consultation constituera un objectif, une routine nécessaire dans le processus du deuil.