Un cas classique de questionnement sur notre autorité

Sabine est une fillette de 7 ans. Ces parents se posent beaucoup de questions sur leur autorité dont ils s’estiment manquer face à leur enfant. Depuis quelques semaines, elle ne peut plus dormir dans sa chambre. Elle dort systématiquement auprès de ses parents. Son père a même décidé d’ étendre un matelas par terre et d’abandonner son lit à sa fille et sa femme. Les parents sont perplexes : que faut-il faire ? Leur amis leur donnent des conseils contradictoires : « il faut que la petite puisse gérer ses angoisses seule…il ne faut pas que les enfants dorment avec les parents…Vous ne devez pas laisser faire… » Perplexes, les parents ne savent plus quoi faire.

 

 

Le rôle des parents est bien compliqué à définir.

En effet, on valorise aujourd’hui l’amour et la compréhension, l’écoute et la coopération dans le rôle parental. Et par ailleurs, on conseille aux parents désorientés de revenir à une autorité sans discussion et sans faille. Comment ne pas se perdre dans les contradictions ?

Parfois aussi, on peut se sentir submergé par ses émotions face à un petit être hurlant et déchaîné qui se roule par terre de rage en public pour pouvoir réaliser ses désirs en toute impunité ! Comment alors, réaffirmer l’autorité parentale, sans se laisser envahir par la colère ? Si l’enfant est une personne à respecter, il a néanmoins un besoin d’éducation et d’accompagnement. Pour certains auteurs, on ne naît pas humain, on le devient grâce à l’éducation et l’accompagnement approprié.

 

 

La question du rôle parental est à se reposer à chaque étape de la vie d’un enfant. L’autorité face aux enfants doit évoluer avec le temps.

Dans les premiers temps de la vie l’important est de pouvoir créer un lien de qualité. On parle alors d’  «attachement sécure » : l’enfant face à un inconnu va rester sur sa réserve dans un premier temps et, ensuite, va accepter sa présence. Face à son parent, il se montrera chaleureux et ouvert. Cette sécurité se crée à travers des actes tels que le toucher (caresser, donner des bains, s’occuper de sa toilette…), la protection (encourager, gronder quand il y a mise en danger, poser les interdits, faire respecter les normes), l’accompagnement vers la découverte du monde ( jouer avec lui, sortir avec lui, …)

Plus tard, le jeune enfant va centrer son attention sur les apprentissages : lire, écrire, tous ces savoirs dans la découverte desquels il est important de l’accompagner. Le jeu est également essentiel. Il s’agit également du temps de la mise en place des compétences sociales : comment se comporter dans un groupe, quelles règles appliquer dans quelles situations sociales, comment les comprendre et les hiérarchiser. Les parents ont à lui fournir des clés dans ces domaines nouveaux et mystérieux : favoriser, par exemple, les activités de groupe, entre copains (sport, invitations, etc.), encourager l’implication à l’école en soulignant les réussites et en accompagnant les difficultés. 

Les parents s’ils veulent developper la confiance en soi de leur enfant seront attentifs à lui faire confiance : certes, il y aura des bêtises, des erreurs mais le rôle des parents sera là de redonner le cadre, fixer les limites de façon claire et apprendre à l’enfant à gérer sa frustration. Parfois, les parents hésitent à se montrer limitants, intransigeants, à reposer le cadre pour la énième fois. Il faut se rappeler que des règles peu claires, ou qui changent selon l’humeur rendent l’enfant insécure. 

L’enfant se construit également à travers l’exemplarité de ses parents.  Quelle que soit la situation des parents (en couple, séparés, remariés, …), l’enfant gagnera en sécurité si les parents sont globalement d’accord dans les prises de décision. 

 

A l’adolescence, tout change : le jeune enfant va parfois évoluer de façon tout à fait inattendue.

Pour le pédopsychiatre Winnicott, le rôle essentiel des parents à cette période de la vie est de « résister » ! L’adolescent va souvent « attaquer » frontalement toutes les limites, convictions, et règles de vie que ses parents lui ont transmis pour, plus tard, mieux bâtir les siennes, celles que, en tant qu’adulte il va suivre et mettre en pratique. Le groupe d’amis, de camarades de classe, de cousins va prendre de plus en plus d’importance. C’est le temps de la construction de l’identité vis à vis du groupe. Ce que l’on appelle « la crise d’adolescence » est parfois un moment de profonde remise en question des équilibres familiaux.

L’ado est déchiré entre la crainte d’être « lâché », et, du coup de ne plus être protégé et  le besoin de se construire en dehors (voire, en contre) des règles qu’on a mise en place tout le long de l’enfance. Il exprime ce conflit souvent à travers l’aspiration à la « liberté ». Ce qu’il désire en fait c’est de l’autonomie, qui passe par la connaissance des règles et des limites, transmises par les adultes. 

Avoir de l’autorité, ce n’est pas être autoritaire, c’est pour chacun des parents transmettre et respecter soi-même les valeurs importantes auxquelles on croit. Nul doute, que l’adolescent, dans sa recherche personnelle va tenter de les remettre en question…