Le burn out, le processus insidieux du syndrome du "bon élève"

Le burn-out avance à pas feutrés, très progressivement et insidieusement parce qu’il touche justement celui qui se donne totalement à son travail et est motivé. Appelé également « Syndrome d’épuisement professionnel » il se manifeste en milieu professionnel, certes, mais pas que… L’étudiant confronté au stress des examens, la mère de famille qui veut mener de front toutes ses obligations ressentent aussi cet épuisement.

En général, quand on ressent une souffrance dans un contexte spécifique, on diminue son implication émotionnelle, on utilise davantage de mécanismes de rationalisation et on adapte ses ambitions à la réalité. Ces mécanismes adaptatifs, à la base sains, adéquats et efficaces, s’ils sont répétés en permanence, aboutissent à un épuisement progressif des émotions, au cynisme et la perte d’ambition.

Littéralement, faire un burn-out, c’est « brûler de l’intérieur, se consumer ». Il s’agit d’un épuisement physique de prime abord. Ensuite, cette grande fatigue se transforme en fragilité émotionnelle et psychique.

Gérard est cadre dans une grande entreprise. Récemment, il a été nommé à un poste qu’il espérait depuis longtemps. Il se sent très valorisé par ses responsabilités ; tout se passe bien, il est même enthousiaste à l’idée de ce qu’il va pouvoir mettre en place dans ses nouvelles fonctions. Il veut faire les choses au mieux et, du coup, consacre beaucoup de son temps à son travail. Il rentre de plus en plus tard. En famille, il se montre de plus en plus absent et distrait. Progressivement, il sent sa fatigue s’accentuer, il perd goût aux activités qu’il pratiquait : sport, soirée en famille ou entre amis… Il se sent de moins en moins sûr de lui. Au travail, progressivement et sans vraiment comprendre pourquoi il perd pied et se trouve en difficulté. La spirale du burn-out est en train de se dérouler.

A l’origine, on a décrit le syndrome d’épuisement professionnel chez les personnes dont le métier implique une relation intense à autrui  : infirmiers, médecins, mais aussi managers, encadrants…

Les signes du burn-out : de l'anxiété au vide émotionnel

burn out syndrome épuisement professionnel

Du coup, se mettent en place des stratégies d’évitement et en particulier un sentiment de dépersonnalisation avec diminution progressive de l’implication professionnelle. Ces signes peuvent aboutir à des états de dépression plus ou moins sévères, notamment au passage à l’acte suicidaire.

L’usure qui conduit au burn-out est avant tout physiologique : il s’agit des conséquences d’une situation de stress répétée trop souvent. A l’origine le stress est un phénomène qui permet à notre corps de se préparer à affronter un danger. Des générations d’hominidés qui devaient se prémunir des carnivores qui les guettaient ont pu en réchapper grâce au stress.

Aujourd’hui le stress s’installe en particulier à travers le sentiment d’urgence. Le fait de vivre constamment sur le qui vive est anormal. Le corps n’est pas équipé pour gérer un stress continu. On « brûle de l’intérieur ». Très vite, l’épuisement émotionnel vient s’ajouter à l’épuisement physique.

Le déroulement type du processus d'un burn-out

Le burn-out est le syndrome de la bonne personne : investie, impliquée, voulant faire pour le mieux, on sait que l’on peut compter sur elle.

Anne est jeune maman. Adrien, son bébé de 9 mois a un grand frère, Jules qui a 3 ans. La deuxième grossesse d’Anne a été moins paisible que la première. A la maison elle s’occupe de tout avec amour et dévouement mais c’est comme si, progressivement tout cela perdait son importance. Anne a repris son travail depuis quelques mois, elle y prend du plaisir. Mais, quand elle rentre elle ne peut plus le laisser à la porte. De même, au travail, elle ne cesse de penser à ce qu’elle a laissé en plan à la maison. Alors que, lorsqu’elle a repris ses activités professionnelles elle était pleine d’énergie, Anne se met à douter de sa fiabilité et de sa motivation. Peu à peu, elle se trouve de moins en moins intéressée. Le soir, elle peut à peine, après le dîner, trouver des forces pour autre chose que zapper face au téléviseur. Elle se demande de plus en plus souvent ce qu’elle vaut. Quelques mois plus tard, Anne se fait arrêter en proie à d’intenses manifestations dépressives…

Le processus de burn-out fait également que l’on s’investit de plus en plus car, que se passerait-il si non ? Il faut répondre aux échéances. Mais, le stress fait que l’on multiplie les erreurs. Plus on travaille et moins on en est satisfait. Du coup, l’image de soi en prend un coup. Cette confiance qui permet de supporter les difficultés que l’on traverse s’effrite progressivement. On perd contact avec ses émotions. Le vide s’installe. L’indifférence remplace ce qui, auparavant nous faisait nous lever le matin.

C’est le corps qui craque en premier : maux de ventre, douleurs dorsales, vertiges…Les manifestations du stress s’installent et on veut aller encore au-delà.

Xavier est étudiant en 1ère année de médecine. Brillant en terminale, il a passé son bac avec mention. Il a toujours eu des facilités pour les études et, naturellement, les études de médecine se sont imposées comme une réponse à son envie d’être utile. Il s’investit totalement dans la préparation du concours, dormant peu et s’absorbant tout entier dans les études. Progressivement, Xavier perd du poids, il a du mal à se concentrer. Les déconvenues du concours blanc lui portent un coup. L’environnement ultra concurrentiel entre les élèves le choque et le décourage. Même s’il redouble d’efforts, Xavier ne progresse plus. Il dort mal et se sent toujours fatigué. Il se demande même s’il a vraiment fait le choix d’étude qui lui convient.

Alors, face au burn-out que faire ? Surtout ne pas prendre le burn-out à la légère !

Quand on néglige sa fatigue c’est le de manque de motivation qui s’installe, suivi par le doute de soi, la dévalorisation et la dépression.
Il s’agit de mettre en place une thérapie qui ait un impact non seulement sur les manifestations du stress mais aussi sur la façon d’envisager son travail (ou ses études ou sa vie de famille…)
En ce qui concerne le stress, les techniques de détente, de respiration, de relaxation permettent de surmonter les manifestations anxieuses.

Ensuite, il s’agit de repenser la situation qui cause l’épuisement et de pouvoir changer sa perception de la situation, voire, la situation elle-même. Bien sûr, les conditions de travail maintiennent en nous un état de tension et d’urgence. Un certain nombre de facteurs ont été identifiés comme favorisant le stress chronique : le manque de participation aux prises de décisions, le déséquilibre perçu entre efforts et récompense, le manque de communication entre collègues et /ou la hiérarchie…

On constate également que certains schémas de personnalité sont plus touchés par l’épuisement professionnel : la trop grande importance accordée au travail, le perfectionnisme, le manque d’estime de soi, rendent plus perméable au stress. Les contextes de vie tels que la solitude ou encore la perception de responsabilités familiales trop lourdes peuvent aggraver encore le syndrome de burn-out.

Un arrêt de travail est fréquemment prescrit. C’est le temps alors pour traiter non seulement la dimension anxieuse mais aussi pour se repositionner vis à vis de son travail : Y a t il réellement surcharge ? Ne suis-je pas trop perfectionniste, trop préoccupé par le résultat ? Qu’en est-il des autres aspects de ma vie ?

Il s’agit de refonder son activité selon un principe d’autonomie et de plaisir. Cependant, il est important de noter que les facteurs tels que l’organisation du travail mal pensée ainsi que le manque de relation et de confiance entre les différents acteurs impliqués apparaissent comme les déclencheurs du syndrome de burn-out.

Des exercices à faire pour lutter contre le burn-out

Tout ce qui permet de lutter contre le stress est à mettre en place au plus vite. Que faire ensuite ? Si votre médecin a jugé utile de vous donner un arrêt de travail, ne jouez pas au bon petit soldat et acceptez cet arrêt de travail. Il a jugé que votre situation le méritait et si vous êtes en burn-out, c’est indiscutable et vous n’avez pas à vous culpabiliser, ce n’est pas votre décision. La deuxième chose à faire, même si vous avez déjà mis en place les exercices mentionnés plus haut (méditation, hypnose, sophrologie, gym douce, autant de méthodes qui permettent de prendre du recul), il faut absolument consulter un psy ou un coach qui vous aidera à travailler sur les ressorts de votre souffrance. Il sera aussi apte à vous accompagner soit vers une amélioration de vos conditions de travail (en travaillant à la fois sur vous et vos interactions au sein de votre entreprise) soit vers une transition professionnelle bénéfique pour vous. 

Voici un exercice particulièrement utile en cas d’épuisement professionnel, qui peut être un premier pas vers l’action: