TOC ou petites manies ?

Qui n’a jamais fait demi-tour pour vérifier que le fer à repasser avait bien été débranché ou que les volets étaient bien refermés? Tout le monde, en effet. Dans le TOC ce sont la durée, la fréquence et l’intensité des comportements qui posent problème et affectent la vie au quotidien. Peut-être souffrez-vous de TOC et vous sentez-vous seul dans ce cas. Et bien sachez que vous n’êtes pas un cas isolé, que l’aide existe et que vous pouvez venir à bout du TOC!

Le TOC ou Trouble obsessionnel compulsif, est marqué par des pensées intrusives, irrationnelles et récurrentes (les obsessions). Dans le but de minimiser ou de réagir à ces pensées intrusives et de faire baisser l’anxiété créée par les obsessions, les gens qui souffrent de TOC engagent des comportements répétitifs ou des rituels (les compulsions).

Le TOC figure parmi les quatre troubles les plus fréquents (après la dépression, l’abus de drogues et alcool et l’anxiété sociale). Environ 1 adulte sur 100 est concerné (pour 1 enfant sur 200). Les TOC débutent habituellement entre l’adolescence et le début de l’âge adulte. C’est un trouble qui génère beaucoup d’anxiété, mais aussi beaucoup de honte, de culpabilité ou de dépression. Il peut créer des difficultés dans les relations avec les autres et ils peuvent affecter la qualité de vie professionnelle.

Il n’est pas rare que les gens qui souffrent de TOC ne recherchent pas d’aide, d’une part parce qu’ils ont peur d’en parler, mais surtout parce qu’ils n’imaginent pas que c’est un trouble qui se soigne.

Les obsessions les plus courantes chez ceux qui souffrent de TOC

 Les compulsions dans le TOC ressemblent à des rituels. Ces rituels sont des actes que l’on répète encore et encore en réponse à une pensée dans le but de prévenir ou de réduire un risque ou un danger. La compulsion peut être physique (ex : vérifier de façon répétée si la porte est bien fermée) ou mentale (ex : se répéter une phrase ou une petite prière dans la tête).

Les compulsions qui accompagnent fréquemment les TOC

Certaines compulsions vont de paire avec certaines obsessions. La combinaison la plus fréquente concerne l’obsession de contamination de germes ou fluides corporelles avec la compulsion de se laver et se nettoyer.

L’évitement de certains comportements est une difficulté majeure dans le maintien des TOC., par exemple, si j’ai peur de la contamination  je ferai tout pour éviter de fréquenter les toilettes publiques ou bien je vais éviter de serrer la main aux gens ou même de toucher les poignées des portes .Cela me donne l’illusion d’avoir le contrôle et de me maintenir en sécurité. Mais ceci n’est qu’illusion…

D'où viennent les TOC ?

TOC obsessions trouble obsessionnel du comportement

La recherche n’a pas totalement élucidé la cause du TOC, mais comme dans beaucoup de troubles, il s’agirait d’une combinaison de plusieurs facteurs d’ordre biologique, psychologique et sociale.

Il n’est pas rare de retrouver plusieurs générations d’individus souffrant de TOC dans une même famille .Généralement, le TOC apparaît graduellement. Il peut y avoir un déclencheur, comme un changement de vie (même heureux, comme un mariage) qui augmente notre sentiment de responsabilité dans la vie, ou un traumatisme (un accident, par exemple).

Les scientifiques offrent une explication neurobiologique des TOC; en effet, ce trouble trouverait sa source dans le cerveau, et plus précisément au niveau de l’amygdale, le centre de la peur. Les scanners montrent bien des différences entre les cerveaux des gens qui souffrent de TOC et ceux qui n’en souffrent pas. Ce qui est assez intéressant est de constater qu’après une psychothérapie, la configuration du cerveau change, et que le TOC se soigne!

Pourquoi mon TOC persiste-t-il ?

Quelques soient les facteurs qui ont pu causer le TOC, il est bien plus utile, à l’heure actuelle, de comprendre ce qui les maintient, car là est la clé du problème.

 Le TOC est maintenu par un cercle vicieux d’obsession et de réponses à ces obsessions. Il se nourrit de notre façon de penser, qui parfois nous joue des tours. Mais rassurez-vous: on ne naît pas avec des TOC, on apprend à se protéger de nos peur de cette façon-là. Si nous avons appris à réagir comme cela face à nos peurs, et bien il est tout à fait possible d’apprendre à réagir et à penser autrement, raisonnablement, de façon à vivre pleinement sa vie.

Dans le TOC c’est l’évitement et la compulsion qui mènent un peu la barque. Par exemple, si pour éviter de me sentir anxieux, j’évite une certaine activité, c’est l’évitement qui en sort renforcé. La fois suivante, j’éviterai encore et encore afin d’éviter de ressentir de la peur. Pour la compulsion, le mécanisme se répète: si je me sens mieux (ne serait-ce que quelques minutes) après avoir vérifier que la porte est fermée ou après avoir bien laver mes mains, et bien c’est ce comportement qui gagne.

Ces deux stratégies semblent bien fonctionner au début. Après tout, vous pouvez stopper une montée d’angoisse ou éviter un « possible » danger. Mais sur le long terme, ces stratégies s’avèrent trompeuses: plus vous éviter ce dont vous avez peur, plus vous avez peur de ce que vous évitez…

Les schémas de pensées qui entretiennent le TOC

  • La pensée magique et le sens accru des responsabilités:

Si vous avez un TOC il est probable que vous soyez quelqu’un de très responsable. Peut-être pensez-vous avoir le pouvoir de prévenir ou produire certains événements. Disons que la pensée magique ressemble un peu à une pensée superstitieuse.

  • La sur-importance des pensées

Si vous avez un TOC il est probable que vous donniez beaucoup trop d’importance à vos pensées et aux images associées à ces pensées. Il est très important de comprendre que TOUT le monde a des pensées intrusives (qui sont généralement à l’opposé de ce que l’on désire ou de ce l’on croit). Des chercheurs ont d’ailleurs fait des expériences dans les années 70 et ont conclu que tout le monde a des pensées intrusives de tout type, mais que les gens souffrant de TOC donnent une importance exagérée à leurs pensées. Comme si la pensée était la réalité… Et non, nos pensées ne sont pas la réalité, ce sont des pensées. Rappelez-vous: est-ce que le pire des scénario que vous avez imaginé s’est-il déjà produit?

  • La Surestimation du danger

Si vous souffrez de TOC il est possible que vous surestimiez la menace d’une situation et que vous sous-estimiez vos capacités à affronter cette situation.

Par exemple, si vous avez peur de la contamination du SIDA, et que vous voyez une tâche rouge, vous pensez immédiatement que cela doit être du sang contaminé et qu’il faut vous protéger d’un risque d’infection.

  • L’Intolérance à l’incertitude

Si vous souffrez de TOC peut-être croyez vous avoir besoin d’être sûr de ce qui va se passer à l’avenir. Peut-être avez-vous besoin de savoir de quoi l’avenir sera fait pour anticiper, prévenir!

C’est en quelque sorte une assurance que vous souscrivez – si vous faites vos rituels vous obtiendrez plus de réassurance et donc vous serez certain de ce qui va se passer.

Toutefois, penser plus, faire plus ne fait qu’augmenter vos doutes et votre sentiment d’incertitude. Ne cherchez pas systématiquement à être rassurer.

  • Le Perfectionnisme

Si vous souffrez de TOC peut-être pensez-vous qu’il y a forcément toujours une solution parfaite pour tout problème, voire même qu’il est nécessaire de faire les choses parfaitement, car toute erreur, même mineure, peut avoir des conséquences graves.

  • L’attention

Si vous souffrez de TOC il est probable que vous vous concentriez sur des situations qui vous semblent dangereuses, ce qui vous rend encore plus attentif à la situation (et aux réactions de votre corps). C’est un phénomène normal de la vie quotidienne, mais qui crée un cercle vicieux: plus vous êtes attentif à ces situations et plus insurmontables elles vous paraissent.

Soigner les TOC

Pour la plupart des gens, le TOC peut être soigné efficacement et avec succès. Il est possible de combiner une thérapie efficace (TCC et/ou thérapie brève) avec un traitement médicamenteux. La psychothérapie permet une guérison plus stable sur le long terme et permets d’avoir moins d’effets secondaires. Le recours à un traitement est recommandé surtout si le TOC est sévère et invalidant. La première étape dans la guérison des TOC d’apprendre des techniques de relaxation pour réduire graduellement votre anxiété, et soulager votre corps et votre esprit de toute cette avalanche de symptômes. Ensuite, avec l’aide d’un thérapeute expérimenté vous affronterez délibérément et de façon répétée, à votre rythme, vos peurs et vos obsessions. Une des clés pour rester motivé est de maintenir une bonne relation avec votre thérapeute. N’hésitez pas à lui poser des questions. Maintenez également le contact avec vos amis et votre famille: cela vous aidera à rester motivé! Faites du bien à votre corps en faisant du sport: cela améliore l’estime de soi, modifie notre cerveau, nous relaxe et distrait. Ce que l’on constate est que les pensées et les émotions négatives diminuent peu à peu, le temps que votre cerveau commence à comprendre que les obsessions ne sont que des pensées et que les compulsions s’avèrent au final inutiles et irraisonnées. Vous pourrez alors profiter pleinement de la vie!