Ce serait si bien si on pouvait ne pas parler du manque de confiance des femmes dans le milieu professionnel. C’est vrai en 2016, nous avons l’opportunité de croire et même constater que l’égalité entre hommes et femmes est en passe d’être acquise: de spectaculaires avancées ont été faites, tant grâce à des hommes que des femmes, et ce, en à peine un siècle; ces efforts perdurent aujourd’hui encore mais il n’est pourtant pas rare d’assister encore quotidiennement à des disparités dans bon nombre d’entreprises, plus particulièrement à des postes à responsabilités.
Aujourd’hui encore les possibilités d’évolution des femmes semblent progresser mais ne jamais dépasser certains paliers. Comme si les femmes se prouvaient à elles-même qu’elles pouvaient y arriver puis une fois rassurées se rétractaient ou s’empêchaient de concrétiser leurs espoirs.
Mais pourquoi? Pour quelle raison? Quel comportement ou automatisme se met en place?

Au centre de ce phénomène, la confiance en soi ou plutôt le manque de confiance en soi.

Au-delà de la satisfaction personnelle d’être promues, il s’avère que la plupart des femmes perçoivent en ce nouveau challenge de nombreuses difficultés supplémentaires à résoudre, notamment lorsqu’elles ont une vie familiale.

Maternité et vie professionnelle : l’éternel dilemme, une ruine pour la confiance en soi

Anne 42 ans se souvient encore de la super promotion qu’elle a eue il y a tout juste 10ans: A 32 ans à peine elle devenait manager d’une équipe (constituée de ses anciennes collègues), ne devait plus compter ses heures et devait se déplacer plusieurs fois par mois à l’étranger pour animer l des conférences. Oui mais voilà, Anne a 2 enfants dont la petite dernière à peine âgée de quelques mois. Elle tient 6 mois puis propose de rétrograder volontairement et de revenir à son poste précédent. Tout s’est bien passé dans sa prise de fonctions, les attentes et missions ont été remplies mais le coeur n’ y était pas et la culpabilité d’être une « mauvaise mère » a pris le dessus. Elle n’a pas eu assez confiance en elle et sa gestion du temps pour assurer les deux en même temps.

Un homme aurait-il agi de la même façon….?
Et c’est bien là le problème, combien de femmes se restreignent dans leur évolution professionnelle, refusant parfois même des promotions, et laissant alors un paysage presque toujours autant masculin?

Les moeurs changent mais les études montrent que les femmes s’occupent toujours jusqu’à 80% des tâches ménagères, ainsi leur donner accès aux mêmes opportunités professionnelles que les hommes mais sans les soulager de leurs obligations domestiques tend à avoir l’effet inverse de celui souhaité, voire même pervers sur la santé des femmes parfois au bord du Burn Out.

Le sentiment d’épuisement influant sur la confiance en soi, c’est un cercle vicieux qui s’installe rapidement et les amène à faire des choix forcés, à faire parfois le sacrifice de leur vie professionnelle au détriment de leurs obligations familiales, doutant, à juste titre à cause de la charge de travail, d’être à la hauteur d’une prise de responsabilités supplémentaires.

Ainsi, on retrouve statistiquement beaucoup moins de femmes à des postes de direction: c’est le cas par exemple pour les postes de chef de clinique, directeurs marketing….ce qui n’aide pas les femmes à prendre confiance en leurs capacités et à vouloir se dépasser ou prétendre à des responsabilités supplémentaires. Une évolution qui peut paraitre naturelle à un homme, le sera beaucoup moins à une femme, victime d’un cercle vicieux où le manque d’exemples auxquels se référer n’aide pas à augmenter leur confiance en elles et en leurs capacités.

Le conditionnement ou comment les clichés mènent au manque de confiance des femmes!

A l’école déjà, en particulier si l’on fait partie des générations X (1966-1980),Y (1980-1995) on aura remarqué que la filière scientifique regorge de garçons et la filière littéraire de filles.

Certaines études tendent à prouver qu’il s’agit également de l’effet d’un cliché qui est que les hommes seraient plus cartésiens, rationnels et logiques que les femmes, tandis que ces dernières seraient sensées être davantage dans l’émotionnel, l’empathie et la communication.

Ainsi là où l’on pouvait pousser coûte que coûte les garçons à faire des efforts scolaires pour intégrer « la filière royale » (là aussi un cliché qui a fait son temps depuis), on dirigeait naturellement les filles vers une 1èreL sans forcément leur demander leurs prétentions futures et se soucier si elles devaient impérativement passer par S.

Et l’ironie de la situation veut qu’en plus les filles réussissent mieux que les garçons à l’école! C’est comme si à un moment donné, leur confiance en elles s’effondrait, n’était pas nourrie et leurs capacités inexploitées.

Et ce conditionnement perdure à l’âge adulte, comme si les femmes se mettaient machinalement en retrait, stagnaient volontairement à leur poste, sans attendre quoi que ce soit de leur hiérarchie, et sans même envisager ou espérer des possibilités d’évolution.

En résumé, au même titre que « l’effet Pygmalion » dont on parle en sociologie, Le simple fait de croire en la réussite de quelqu’un améliore ainsi ses probabilités de succès. Mais l’inverse est aussi vrai (on le nomme alors « l’effet Golem ») et c’est sans doute ce dont souffrent beaucoup de femmes: cela se traduit alors par une performance moindre et des objectifs moins élevés sous l’effet d’un potentiel jugé limité par l’autorité.

Par ailleurs, on voit, dans le monde de l’entreprise, plus d’hommes avec des postes à responsabilité bien entendu, mais on assistera aussi parfois à une communication avec la hiérarchie plus fluide: davantage d’hommes oseront adresser directement leurs doléances à leur Manager, iront le solliciter, se permettront de manifester un mécontentement, exigeront une révision de leur salaire, une promotion.

Et les faits montrent qu’ils arriveront également bien mieux à parler de leurs différends ou conflits avec un collègue, de manière objective et factuelle. Là où un autre préjugé mène la vie dure aux femmes, celui d’être « trop émotives » et de réagir avec trop d’impulsivité et moins de rationalité.

C’est pourquoi bien trop souvent les postes de Management sont adressés en priorité aux hommes, et ce, quelque soit le niveau d’ancienneté.

Ce n’est pas tant une question de disparités mais de conditionnement qui perdure malgré l’évolution des moeurs et des mentalités.

Il n’est pas rare par exemple de voir des hommes gravir sans aucun problème les échelons là où certaines femmes vont avoir davantage de scrupules: par rapport à leur rôle de mère donc, mais aussi par rapport à leurs collègues, en particulier si elles prennent une place de Manager: ce changement va-t-il altérer mes relations personnelles (pauses déjeuner du midi par exemple?) avec ces collègues? Si oui, et c’est probable, suis-je capable de le vivre sereinement? Y aura-t-il des jalousies, des conflits d’intérêt, me sera-t-il difficile de formuler des exigences auprès d’anciennes collègues….Tant de questions que les hommes semblent moins se poser! « Business is Business », et le simple fait d’avoir un comportement en accord avec sa pensée suffit effectivement à ce que les hommes gèrent bien mieux leur place et leur évolution en interne.