« Dissipé, manque de concentration, peu attentif », voici ce que l’on entend souvent dire à propos de certains enfants estimés pénibles par les adultes dans et hors de leur famille. Or c’est de l’hyperactivité!

A l’origine, il n’y aura pas de plainte de l’enfant. Et pourtant, les troubles de l’attention peuvent représenter une grande souffrance. Les parents sont les premiers à déceler des étrangetés : l’enfant a des difficultés à se concentrer, à rester tranquille, il évite les activités qui le sollicitent intellectuellement, il a du mal à faire des efforts (intolérance à la frustration) ; il va privilégier les activités physiques, il néglige de s’adapter aux contextes sociaux, il fait preuve de peu d’observation et de retenue.

L’hyperactivité à l’école

L’école est souvent le révélateur d’un trouble de l’attention. Même si au sein de la famille, les choses se passent à peu près, il arrive que, dans le cadre scolaire, l’enfant souffrant d’hyperactivité ne soit pas capable de contrôler son agitation, ses passages à l’acte et/ou se montre distractible et perturbateur. Au début, en maternelle, ce sont des enfants pénibles mais amusants, qui ont juste des troubles du comportement.
En primaire, les choses se gâtent. Les difficultés scolaires apparaissent : l’hyperactivité les gêne pour les apprentissages, les relations sociales deviennent difficiles, ils ne sont pas invités aux anniversaires, ils perdent leurs copains, sont rejetés.
Au collège, on constate une aggravation : L’échec scolaire devient massif, car les apprentissages de base n’ont pas été assimilés. Ils présentent une baisse de l’estime de soi, résultat des remontrances entendues à longueur de journée, à la maison, à l’école, au sport.
Au lycée apparaissent en plus, des conduites à risque, et, parfois, de la dépression.
Il est important d’être vigilant face à ce phénomène car nombre d’adultes ayant aujourd’hui des difficultés avouent avoir présenté des signes d’hyperactivité dans l’enfance, qui n’ont pas été évalués avec sérieux.
Que faire face à ce constat ?
On observe :
Que les familles se plaignent de plus en plus de ces enfants, qu’auparavant, peut-être, on aurait laissé de côté. De fait, les praticiens de la santé constatent qu’une prise en charge précoce permet à chacun – famille et enfant- de vivre mieux ensemble. Les parents se trouvent la plupart du temps désarmés. En effet, l’enfant est peu réceptif, ni au raisonnement, ni à la contrainte. Même lorsqu’il comprend que son comportement est difficile à supporter, il ne peut pas contrôler ses impulsions.
Que l’école a de plus en plus de mal à faire face à des enfants « différents » : les exigences scolaires demandent de plus en plus de contrôle de soi.
Il faut également tenir compte des différences de contexte culturel et de niveau de tolérance familial. Dans certaines cultures, la valorisation du contrôle des impulsions est plus grande que dans d’autres : un enfant sera perçu remuant et difficile à l’école mais « normal » dans le contexte familial.

Comprendre le diagnostic de l’hyperactivité

La principale difficulté pour un professionnel réside dans le fait que ces symptômes peuvent se présenter dans des contextes différents.
– Chez l’enfant qui souffre de troubles de l’attention et de la concentration avec ou sans hyperactivité (TDAH)
Mais aussi
– Chez l’enfant déprimé, de façon ponctuelle : un enfant dans une humeur dépressive ne sera pas forcément triste et mutique, mais va se montrer remuant, colérique, peu concentré.
– Un enfant souffrant de troubles envahissants du développement (TED) peut également présenter ces symptômes.
– Des déficits sensoriels peuvent également se traduire par de l’hyperactivité et un manque d’attention : problèmes d’audition, d’équilibre…
– Les troubles de l’apprentissage, à savoir tous ces troubles étiquetés « dys » : dyslexie, dysorthographie, dyscalculie, etc. amènent chez l’enfant des réactions de manque de d’attention et d’hyperactivité.
– Parfois un enfant précoce va montrer ces signes en réaction à un manque de stimulation et/ou une inadaptation à son environnement scolaire et social.
C’est pourquoi un diagnostic professionnel est nécessaire avant d’envisager une prise en charge : ce diagnostic comportera des bilans et des entretiens avec des soignants, au-delà de la simple estimation des professionnels de l’éducation ou des membres de la famille. La prise en charge pourra faire intervenir des professionnels de différents horizons : psys, mais aussi orthophonistes, médecins, neuropsychiatres, selon les résultats des tests. Des structures telles que les Centres médico-psychologiques permettent une prise en charge pluridisciplinaire.

Quelques éléments sur l’hyperactivité:

5 à 10 % des enfants d’âge scolaire présentent ce type de troubles, c’est-à-dire 1 a 2 enfants par classe.
On compte 3 à 4 garçons pour une fille. Mais les filles présentent le déficit d’attention sans problèmes d’hyperactivité et sont moins repérées. Comme les filles précoces ou les filles dépressives, elles cachent leur problème, se sur-adaptent, et se montrent hyper conformes. Le problème évolue en creux et on fait le diagnostic trop tard : au collège, elles ne lisent pas la copie jusqu’au bout, se mettent à avoir de mauvais résultats… Mais, comme elles ne posent pas de problèmes de comportement, leurs difficultés sont moins apparentes.

Soigner l’hyperactivité

La prise en charge s’oriente souvent vers l’aide, le suivi et la « rééducation » de l’enfant mais aussi vers l’accompagnement familial. Souvent, les troubles de l’enfant peuvent être mal compris et mal vécus en famille. Il faut savoir mettre en place de nouvelles façons de faire qui permettent à l’enfant de se repérer : renforcer les règles éducatives tout en restant bienveillant (« non, tu n’es pas nul, tes comportements sont inadaptés »), donner des consignes claires et brèves, éviter les éléments de distraction quand l’enfant travaille, tolérer qu’il puisse bouger et travailler en même temps. Et veiller à la fatigue de l’adulte lui-même, à savoir pouvoir passer la main !

Des conseils peuvent être donnés aux enseignants : fractionner les demandes et les cibler, tolérer que les enfants bougent, souligner les réussites, les garder près d’eux etc.
De même, pour les parents, on conseille d’apporter une attention spécifique à ces enfants, plutôt sur le plan relationnel que dans le champ du scolaire.
Parfois, « ces enfants cherchent juste, comme une toupie, leur axe », comme le dit joliment un ex enfant TDAH.
Le débat : pour ou contre la médication ?
Il existe aujourd’hui un débat autour de l’administration de molécules chimique dans les cas identifiés de Troubles de l’attention et de la concentration avec ou sans hyperactivité. Depuis quelques années déjà la Ritaline (méthylphénidate) est prescrite de façon fréquente. Il s’agit d’une molécule qui stimule le système nerveux central et qui, paradoxalement, permet aux enfants une meilleure concentration. Ce psychostimulant est prescrit chez les enfants de plus de 6 ans toujours en accompagnement de mesures thérapeutiques et éducatives. Une vigilance particulière est exercée sur ce médicament compte-tenu des objections qui sont formulées par certains professionnels de santé : cette molécule est de la même famille que les amphétamines et encore aujourd’hui entourée d’une réputation de « drogue des enfants ». C’est souvent pour des raisons de mésusage ou de prescription peu adaptée. Les études disponibles à ce jour démontrent que, pour l’instant, le rapport bénéfice-risque est favorable.
En revanche, quand les troubles de l’attention sont dus à une humeur dépressive, la Ritaline aggrave l’état de ces enfants en favorisant une hyper vigilance concernant les états intérieurs : un enfant anxieux ou déprimé à qui on donne de la Ritaline va encore plus mal. C’est pourquoi la question du diagnostic est essentielle.
En conclusion
– Les parents qui sont alertés par les enseignants sur les difficultés rencontrées avec leur enfant en classe seront toujours gagnants à consulter dans des structures spécialisées. Un enfant étiqueté « difficile » est souvent un enfant qui a besoin d’aide et qui le manifeste avec des manifestations qui sont différentes de celles de l’adulte : un « corps qui remue », des comportements parfois excessifs et inadaptés, des difficultés à suivre la discipline et les consignes.

– La prise en charge doit impliquer à la fois l’enfant, bien sûr (dans une perspective pluridisciplinaire), les parents, mais aussi les enseignants au contact de l’enfant et qui, parfois, manquent de clés pour comprendre son fonctionnement.

– Ce type de prise en charge pour l’enfant inclut un suivi thérapeutique de soutien mais aussi des exercices à refaire chez soi ; de tels programmes visent à améliorer la compréhension par l’enfant de son fonctionnement, sa disponibilité attentionnelle, sa flexibilité mentale et ses capacités de planification.

– Un médicament existe, dont l’usage est efficace dans les cas de TDAH. Mais ses effets sont à surveiller et il ne remplace pas une thérapie.