"Ces femmes qui aiment trop", "Lutter contre la dépendance affective", "Tous dépendants", autant d'expressions à la mode dans les magazines

Ce thème est de venu une sorte de tarte à la crème psychologisante tant il est vrai que tout le monde peut s’y retrouver. Qui n’a pas eu l’impression de se perdre dans une relation amoureuse, de souffrir de rejet et de ne pas supporter la solitude ? Bien souvent, l’étiquette « dépendant affectif », ne permet qu’une chose c’est la victimisation de soi. On se découvre faible, sans énergie, contrôlé par autrui et victime, en fait, de soi-même.
La dépendance est un état qui décrit celui de l’enfant dans les premières années de sa vie. Tributaire de la mère pour la nourriture, comme tous les mammifères, il se crée, dans ces tous premiers mois, ce que le psychologue Bowlby appelle « l’attachement ». Cet attachement va constituer la première matrice des liens que nous allons avoir plus tard avec les autres : nos amis, nos amours, nos collègues.

Nous avons tous besoin de sécurité et de reconnaissance dans nos relations avec autrui. S’agit-il pour autant d’une dépendance affective?

La difficulté provient plutôt du fait que, si nous percevons nos attachements comme une servitude dans laquelle nous perdons de vue qui nous sommes, nous assurons notre sécurité au prix de notre réalisation personnelle.

Le terme de « dépendance » évoque l’addiction, la soumission à un élément extérieur à nous. C’est au nom de cela que nous mettons en veilleuse nos désirs et nos besoins. Il nous semble parfois plus important de faire passer les autres, leurs besoins, leurs envies avant ls nôtres. Et, du coup, nous nous perdons de vue.

Gabrielle est en larmes quand elle arrive pour la première séance de thérapie. Elle n’en peut plus. Pour la énième fois de sa vie, le garçon avec lequel elle sort ne lui donne plus de nouvelles, alors même qu’ils viennent de passer ensemble quelques jours. Il est vrai qu’ils se connaissent depuis peu. Il est vrai que le week end n’a pas rempli toutes ses attentes : « je voulais savoir quand nous allions nous revoir ; il n’a même pas voulu répondre, j’étais en colère, je suis partie, il n’a même pas essayé de me retenir… Je ne sais plus quoi faire…que faut-il dire ? J’attends son coup de fil/texto/mail…Je n’en peux plus »

Bien sûr, on peut se rêver fort ou forte, sans état d’âme et auto suffisant (te). Mais en réalité on est le plus souvent dans des relations d’interdépendance : avec nos parents dans les premiers âges de la vie, avec nos camarades, nos enseignants ou nos collègues, plus tard.

La difficulté est que, parfois, nous faisons taire l’expression de nos désirs. et de nos envies profondes au nom de cette idée qu’autrui va mieux savoir que nous ce dont nous avons besoin.

Nous sommes amenés à penser que l’expression de nos désirs et de nos aspirations va amener la rupture, l’abandon, la solitude.

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Peut-on sortir / se libérer de la dépendance affective ?

Oui, oui et oui! La solution : affirmer ses besoins et tenir compte de ses désirs est la sortie du schéma de dépendance affective. Alors oui, avec une aide thérapeutique, on peut vaincre sa propre dépendance affective et mettre en place de nouvelles relations d’amour dans le respect mutuel.

La conclusion de ce qui a été dit plus haut est la suivante : la notion de dépendance affective que nous pouvons ressentir est liée à la confiance en soi, à l’estime de soi et à l’image que nous renvoient nos partenaires/compagnons etc.

Un exemple d’action thérapeutique: 

Fabien vient en thérapie pour des questions de confiance en soi. Il se décrit comme un homme hésitant, pas très sûr de lui, en particulier quand il s’agit de prendre des décisions concernant la vie quotidienne. Il n’aime pas devoir contredire sa compagne. Tous deux vivent ensemble depuis des années mais aujourd’hui, il a de plus en plus de mal à supporter les tensions qui minent leur relation au quotidien. Sa compagne lui reproche en particulier son manque d’initiative et de ne pas exprimer ce qu’il souhaite.

Que va-t-on faire en thérapie pour Fabien ?   

Fabien prend conscience progressivement que s’il freine l’expression de ses désirs c’est parce qu’il a peur de perdre sa compagne et de mettre en péril sa vie de couple. Progressivement, il se rend compte que cette crainte à été nourrie et alimentée de façon quotidienne par la personne qui partageait sa vie. La thérapie aura alors pour objectif de renforcer et alimenter la confiance en lui-même, de sorte qu’il puisse prendre conscience de ses besoins et ses désirs propres.