Le burnout, l'épuisement professionnel et personnel

A l’origine, le terme de burnout concernait uniquement les fonctions liées au soin, le domaine médical et paramédical. Il a ensuite été « élargi » aux autres domaines d’activités, a largement été répandu, voire vulgarisé, pour finalement parfois être utilisé à mauvais escient, en lieu et place d’une dépression endogène où d’un trouble dû à un tout autre facteur externe.

Caractérisé par un sentiment d’impuissance acquise, « l’impression d’en faire toujours plus pour rien », le burnout est aussi appelé syndrome d’épuisement professionnel. Mais, au sentiment d’épuisement à la tâche sans aucun résultat effectif, s’ajoute un sentiment de non-reconnaissance, de dévalorisation, voire d’injustice, en comparaison avec d’autres collègues qui, eux, réussissent à prendre de la distance par rapport à leurs impératifs professionnels et à mieux maitriser leur gestion du temps et des priorités.

Un syndrôme générationnel le burnout ?

Toute personne en activité (professionnel ou même étudiant) peut connaître un burnout évidemment. Toutefois, ce sentiment touche d’autant plus les générations X et Y (et menace déjà la génération Z) que ces dernières se trouvent souvent écartelées entre les discours médiatisés qui prônent le libre-arbitre et l’hédonisme et un contexte économique et social pesant qui oblige à rester « raisonnable » et se satisfaire d’un travail parfois (souvent ?) non valorisant mais sécurisant financièrement. Ce principe est d’ailleurs de plus en plus présent dans le parcours scolaire de jeunes qui entreront sur la marché du travail, en ayant intégré, fait leur, cette double injonction. 

La solution la plus acceptable pour la personne est alors de s’investir outrageusement dans sa mission, pour essayer d’y trouver un sens, une justification au temps professionnel investi quotidiennement…et qui ronge petit à petit le bien-être personnel. C’est comme ça que le burnout s’installe.

L'épuisement professionnel et ses manifestations physiques

Le burnout est en effet au nombre de ces souffrances qui se manifestent très rapidement, parfois en premier lieu par des souffrances physiques.

Le syndrome du « gentil petit soldat » peut en effet conduire à s’enfermer dans une spirale sans fin, un cercle vicieux où bien souvent seule la décompensation, l’écroulement du corps saura et pourra sonner l’alarme, parfois trop tard…

Combien de collègues, de proches, avons-nous entendu se plaindre de « maux de dos », « se sentir épuisés », « avoir l’impression de travailler dans le vide, pour rien », « souffrir de migraines »…et parfois pire. Le burnout n’est jamais loin. Je me souviens encore de Sophie, arrêtée du jour au lendemain, son médecin lui demandant de stopper net son activité ; là où elle n’avait ressenti « qu’une fatigue croissante », le diagnostic était implacable : elle souffrait d’une inflammation du liquide rachidien. Comment définir la part de responsabilité due à son travail, à son épuisement professionnel, des véritables facteurs biologiques….on ne peut nier un lien évident de cause à effet, ni l’interaction permanente qui se produit entre le corps et le mental.

Claire, elle, venait d’apprendre qu’elle était atteinte d’une sclérose en plaque, à 32ans, avec une petite fille. « Incapable » de couper sa messagerie professionnelle, même lors de ses examens à l’hôpital. Une poussée (une « poussée » est définie par l’apparition ou l’aggravation en quelques heures à quelques jours, de signes ou de symptômes neurologiques), deux poussées, trois poussées auront été nécessaires à lui faire prendre conscience qu’elle se trouvait en situation d’épuisement psychologique et physique et que « forcer » aggravait le développement de sa maladie, de plus en plus rapidement : l’un avait inéluctablement un impact sur l’autre, l’épuisement professionnel sur la maladie et la dégradation physique sur le stress au quotidien, inhérent à sa fonction. A chaque personne la réalité individuelle de son burnout.

Et c’est bien là l’enjeu majeur, savoir s’arrêter dès que le stress s’amplifie, AVANT que le corps ne lâche, avant l’implosion, avant le déferlement émotionnel et l’explosion des barrières défensives.

Un épuisement professionnel peut en cacher un autre : burnout, boreout, brownout

Le burnout, est à rapprocher aujourd’hui du «bore-out », terme en pleine émergence : il n’est pas forcément aux antipodes de son ainé, et correspond à un épuisement psychique dû à l’ennui, un véritable sentiment de vide et d’inutilité dû à la répétition de tâches obsolètes (selon le référentiel de valeurs personnel de la personne), parfois même sans lien avec sa fonction. Néanmoins, le résultat reste le même : l’absence de satisfaction dans le cadre professionnel et à moyen terme, l’impact inéluctable de celle-ci sur la santé physique et psychologique de la personne.

Alors, l’ennui extrême dit bore-out, pire que le burnout ?!